Septembre 2023, L’école Moderne

(titre tiré du livre éponyme de Célestin Freinet de 1957 :  « L’école moderne française – guide pratique pour l’organisation matérielle, technique et pédagogique de l’Ecole Populaire » )  

Invités : Catherine Chabrun, ancienne enseignante en pédagogie Freinet, auteure du livre « Entrer en pédagogie Freinet » aux éditions Libertalia, et ex-rédactrice en chef de la revue « Le nouvel éducateur » édité par l’ICEM (l’Institut Coopératif de l’Ecole Moderne), Daniel Gostain, ancien enseignant en pédagogie Freinet, actuellement maître G, enseignant spécialisé en aide relationnelle au sein du Rased (Réseau d’aides spécialisées aux élèves en difficulté), Charlotte Marin, enseignante, membre active au sein de l’ICEM 75.

A la fin du XIXème siècle, début du XXème, les mouvements, expérimentations, réflexions pédagogiques se multiplient à travers le monde, comme au sein du Laboratoire créé par John Dewey aux Etats-Unis en 1896 sur la psychologie appliquée à la pédagogie, ou l’école d’Ovide Decroly en 1907 en Belgique, et la Casa dei Bambini de Maria Montessori, en Italie en 1907 également. On parle du mouvement de l’Education Nouvelle alors qu’Adolphe Ferrière, d’origine suisse, rédige ainsi en 1915 la charte de l’Education Nouvelle, suivi en 1921 de la création de la ligue internationale pour l’Education Nouvelle. Construit sur une pédagogie active, terme utilisé pour la première fois par Adolphe Ferrière, l’Education Nouvelle prône le principe de la participation active des individus à leur propre formation ; laisser l’enfant agir, favoriser une éducation globale (intellectuelle, artistique, physique, manuelle, sociale) et non juste l’accumulation de connaissances… L’enseignant ici est un médiateur, un guide vers l’indépendance.

Célestin Freinet, né en 1896, mobilisé en 1915 lors de la 1er guerre mondiale, est affecté comme instituteur à Bar-sur-Loup en Provence en 1919. Il s’investira très vite, avec d’autant plus de force, dans ce bouillonnement pédagogique, convaincu qu’après une telle catastrophe, l’école est à transformer, afin de créer une école Moderne, une école du peuple. Un engagement qu’il mène de pair avec son engagement syndical. Transformer l’école c’est aussi transformer la société.

Après avoir exercé plus de 15 ans dans l’enseignement public et travailler à transformer les choses de l’intérieur, il fonde son école en 1935 à Vence, toujours en Provence. Dans ce cadre il s’attache définitivement à développer une pédagogie fondée sur la coopération et appuyée sur divers principes comme la méthode naturelle ou le tâtonnement expérimental. Principes qu’il explicite dans plusieurs écrits durant les années 50-60, dont son livre phare « l’école Moderne française » de 1957 aux éditions Rossignol. Plan de travail, auto-contrôle, le conseil ou la réunion coopérative, les fichiers auto-correctifs, l’expression libre, la correspondance inter-scolaire, l’imprimerie, le cinéma, la radio, le jardin scolaire, la classe exploration… Freinet présente ainsi de façon très concrète tout un ensemble d’outils utilisables dans cette pédagogie où l’enfant est définitivement considéré comme une personne à part entière et auteur de sa propre formation.

Aujourd’hui de quelle façon la pédagogie Freinet irrigue-t-elle toujours l’école et l’enseignement ? La formation des professeurs au sein de l’INSPE (l’Institut National Supérieur du Professorat et de l’Education) restant encore avant tout, une formation disciplinaire, une formation des matières, plutôt qu’une formation à la pédagogie, où et comment les enseignants s’emparent-ils de ce bagage pédagogique développé par Célestin Freinet, et sa femme Elise Freinet ? Comment l’utilisent-ils dans leur pratique ? Autant de questions que nous demanderons aux enseignants réunis avec nous autour de la table.

Rediffusion du 12 avril 2022

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